Le vélo sans petite culotte

jeudi, mai 11, 2006

Je veux aller à Bayonne!

...après les matches et leurs rations d'ecchymoses, on boit des barriques de bière et on partage des tapas généreux


Merci à Jean-Louis, notre Basque à nous, de nous faire découvrir pleins de beaux textes sur le rugby et sur la vie (mais bien sûr le rugby c'est la vie). Parfois il les écrit lui-même avec une plume superbe, aujourd'hui il partage l'amour de son pays avec les mots de Daniel Herrero. Extraits:

Quand on parle de Bayonne à une table de rugbymen, les yeux s'éclairent, les épaules s'assouplissent, l'atmosphère se détend. On s'assure alors un brin de fraîcheur dans une conversation qui tourne surtout autour d'emplâtres sans pitié et de caramels à l'ancienne.
Bayonne est métisse et populaire. Ses vieux quartiers du centre, près de la cathédrale, recèlent ce que l'âme basque a de plus vindicatif. Et Saint-Léon ! Ce stade est un temple d'excellence et de courtoisie. Quand je partais en déplacement à Bayonne, je savais que l'adversaire serait brillant, joueur, et inventif. Et j'étais sûr de la noblesse des sentiments, de la sincérité de l'engagement. Pas de tricheurs, de requins des stades...Et c'est si rare, pour ne pas dire unique dans le rugby de France!
[...]
Biarritz et Bayonne se regardent en chiens de faience depuis mille ans, se donnant des leçons, se tirant les oreilles et se traitant de tous les noms d'oiseaux. Mais dans tous les cas, chez l'une comme chez l'autre, après les matches et leurs rations d'ecchymoses, on boit des barriques de bière et on partage des tapas généreux en huile d'olive... Les piliers chantent comme nulle part ailleurs, les anciens critiquent avec acidité, et l'adversaire, d'où qu'il vienne, est respecté.
Loin des strass et paillettes du championnat, il y a les travailleurs de l'ombre, l'arrière-garde des équipes vedettes du Pays Basque. Baigorry, Mauléon, Hendaye, Saint-Jean-de-Luz...
Baigorry, fief irréductible des coupeurs de fougères, des petits gabarits sacrificiels ! Ceux là nous apprennent qu'on peut faire beaucoup avec peu, que l'acharnement rend beau, et que les vraies victoires ne se remportent qu'avec le coeur. Ici, étranger, mets-toi à l'aise et sens toi bien, mais ne leur casse pas les alibofis, respecte la montagne et les bergères, ne te moque pas de leur accent, ni de leur rusticité, et ne leur donne pas de leçons...